DOMAINE D'EXPERTISE

Sécurité alimentaire et moyens d'existence
DOMAINE D'EXPERTISE
Sécurité alimentaire et moyens d'existence
FINANCEMENT
Depuis 2012, la préfecture de la Vakaga est l'une des régions de République Centrafricaine (RCA) les plus affectées par les conséquences de la crise militaro-politique. Cette région, loin de Bangui (centre économique de la RCA) et quasiment dépourvue de services publics et d'infrastructures modernes, est à la fois sous-développée, sous-peuplée et isolée géographiquement (routes impraticables durant la saison des pluies) et en conséquence socialement, politiquement et économiquement contrainte.
La déstructuration chronique et le sous-investissement historique dans les marchés agricoles et pastoraux dus à l'enclavement de la préfecture, le manque d'intégration des filières agricoles, la faible valorisation des productions brutes, le manque d'appui technique, organisationnel et financier des agriculteurs engendrent une faible productivité des cultures et un taux de malnutrition élevé. La Vakaga est une zone riche en pâturages, où des éleveurs tchadiens et soudanais viennent pendant la saison sèche pour engraisser leur bétail. Cela provoque alors des conflits avec la population, les agriculteurs et éleveurs locaux sur l'occupation de l'espace cultivable et la gestion des points d'eau.
Atelier participatif à Sikikédé dans la préfecture de la Vakaga, en mars 2019. © Marina Lugnot, TGH.
Les systèmes de culture mis en œuvre dans la préfecture de la Vakaga sont typiques des zones de savanes soudaniennes et de l’agriculture sur abattis-brûlis. L’arachide, le mil/sorgho et le manioc sont cultivés en saison principale sur l’ensemble de ces surfaces agricoles. On peut noter l’existence de poches de mise en valeur de bas-fonds de culture avec du paddy et maïs en saison principale et du maraichage (tomate, gombo etc.) en contre-saison.
L’agriculture de la zone est caractérisée par une faible intégration agriculture-élevage, une mécanisation du travail quasiment nulle et une reproduction de la fertilité des parcelles basée sur l’extension et la dispersion géographique de l’ager, dans un contexte de bonne disponibilité foncière. La faible productivité du travail agricole limite la production vivrière et maraichère et entraine des périodes de soudure difficiles pour les ménages ; les surfaces semées par actif agricole en sont d’autant plus réduites.
Les revenus agricoles ne sont quasiment pas monétisés, entravant l’accès par les ménages aux produits de première nécessité. Le transport des produits agricoles entre les bassins de production et les bassins de consommation et vente est rendu difficile et pénible, notamment pour les femmes, en raison du faible accès à des moyens de transports mécanisés. Les moyens de transport peu efficaces et peu abordables entre les principaux marchés de la Vakaga et les autres provinces de la RCA freinent la mise sur le marché des productions agricoles.
Enfin les opportunités de développement d’activité génératrices de revenus agricoles et non-agricoles sont limitées. Pour les productions agricoles et de transformation, l’absence de services de vulgarisation agricole et de formations empêche l’introduction de nouvelles techniques. Pour les activités non agricoles, l’accès quasi-inexistant à l’électricité restreint l’implantation de petits commerces productifs.
Bas fond gérée par une coopérative appuyée par le Bêkou, à Boromata dans la préfecture de la Vakaga, en mars 2019. © Marina Lugnot, TGH.
Les contraintes de la région restreignent l'action humanitaire, en effet TGH est aujourd'hui l'une des deux seules ONG internationales actives en permanence dans la région. En consortium avec des ONG présentes dans les préfectures voisines, ce programme apporte une réponse aux problématiques structurelles et conjoncturelles qui affectent la sécurité alimentaire des populations.
En synergie avec quatre ONG internationales présentes dans le Nord de la RCA, ce projet vise à accroitre la résilience des producteurs et des filières agropastorales porteuses par un renforcement de leurs compétences, des marchés locaux, de l’accès aux services et matériels adéquats et des mécanismes locaux de résolution pacifiques des conflits. L’action se réfère aux principales orientations stratégiques de l’Etat Centrafricain en matière de lutte contre la pauvreté et la relance des secteurs agricoles et de l’élevage.
Le Fonds Bêkou, qui signifie espoir en langue sango, a été créé en réaction à la crise de 2013 en République centrafricaine (RCA) afin de permettre l’accès des populations aux services essentiels (eau et assainissement, alimentation, soins, etc.) et d’assurer, une fois la sécurité rétablie, la relance de l’activité économique. Il a ainsi pour but de contribuer à la stabilisation et à la reconstruction de la RCA en articulant mieux les programmes de reconstruction / développement avec la réponse humanitaire (Linking Relief, Rehabilitation and Development, ou LRRD) afin de permettre le renforcement des capacités centrafricaines.
Remise de kits d’apiculture, décembre 2018, Birao, Préfecture de la Vakaga, RCA
Les acteurs des filières agropastorales porteuses et émergentes auront accès à des services, intrants, équipements et infrastructures adaptés aux besoins individuels et collectifs, le transfert de compétences et l'accompagnement de proximité permettront aux producteurs locaux d'intégrer les filières et les marchés.
Les tensions et l'insécurité liées aux transhumances seront atténuées par une sensibilisation et un meilleur accès à des mécanismes locaux de résolution pacifique de conflit.